C'est dans la salle Clémentine du palais pontifical que les parlementaires ont pris place aux premiers rangs avec les évêques. Monseigneur Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la conférence épiscopale de France, a pris la parole après une entrée très applaudie du pape.
Son discours était très intéressant car spécifique, factuel et optimiste, tout en n'éludant pas les principaux enjeux politiques de la Provence. Le pontife argentin a ensuite répondu par un discours en italien dont nous avions déjà reçu la traduction en français sur un imprimé à notre entrée. Je vous laisse prendre connaissance de son allocution que vous pouvez consulter
ici. Nous avons ensuite eu l'occasion de rencontrer le chef de l'Église catholique individuellement pour une dizaine de secondes chacun. Une famille irakienne réfugiée dans le Var avec ses 2 enfants a offert au pape une œuvre du père de famille, qui est artiste et créateur de vitraux : un grand tableau fait à partir de pâte de verre.
Fayed, l'irakien, avec sa femme Taleen, sont de Quaraqosh. Réfugiés, ils sont accueillis avec une cinquantaine d'irakiens à la paroisse de Bargemon. Cette rencontre avec le chef du plus petit état du monde fut, de l'avis de tous, un moment fort, marqué notamment par le regard bienveillant du pape.
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3. Rencontre avec Jean-Baptiste de Franssu, directeur de la banque du Vatican
Ce laïc est un haut cadre bancaire français. Il a été mandaté par le pape pour remettre de l'ordre dans une institution décriée et souvent source de polémique. Nous avons appris de cette rencontre après le déjeuner que la banque du Vatican n'est pas réellement une banque mais plutôt un institut financier. Son nom complet est d'ailleurs l'IOR, institut pour les œuvres de religion. Il permet de gérer les comptes de celles et ceux qui, parmi le clergé, souhaitent soutenir le caractère " humaniste " des investissements de l'IOR. En effet, la banque du Vatican essaie de placer son capital dans des initiatives durables et orientées vers le bien commun. Jean-Baptiste de Franssu a insisté sur le fait qu'à son arrivée, de nombreux employés étaient humainement sympathiques mais pas suffisamment compétents. De nombreuses banques étrangères auraient ainsi abusé de ce déficit de compétence pour faire plonger l'IOR dans plusieurs scandales.
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4. Visite de la bibliothèque vaticane
Les parlementaires ont eu le grand bonheur de pouvoir visiter la bibliothèque publique officielle de l'État du Vatican, dont l'accès est pourtant extrêmement contrôlé. Sous les voûtes blanches, où sont représentées en peinture les grands penseurs de l'humanité, se dévoilent des étagères remplies de manuscrits anciens, en toutes langues, comme le codex vaticanus, une Bible écrite au IVème siècle, une des plus anciennes du monde.
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5. Rencontre avec Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant'Egidio
"Une communauté chrétienne née en 1968 avait une certaine audace ! Le pape dit que nous sommes les enfants du concile et de son esprit". Ainsi s'exprime avec humour Andrea Riccardi, ancien ministre et proche de Mario Monti, Président du Conseil des ministres après la catastrophique mandature de Silvio Berlusconi. La communauté de laïcs Sant'Egidio, située dans le monde entier mais dont le siège est dans le quartier autrefois populaire du Trastevere, est dédiée à l'accueil des migrants fuyants les zones de guerres. Elle travaille beaucoup afin de promouvoir la paix dans le monde, comme au Mozambique en 1992 après la guerre civile. Une des raisons principales de la difficulté d'intégrer les étrangers en occident vient selon Andrea Riccardi du fait que la société est devenue individualiste. C'est ce nombrilisme que combat la communauté en amenant par exemple les habitants à prendre leurs repas avec des réfugiés de guerre. Évidemment, l'ancien ministre de la coopération internationale de Mario Monti était très à l'aise pour répondre aux questions des élus adhérents des partis identitaires sur le problème migratoire. Il soutient qu'il faut se méfier des idéologies car elles ne contiennent qu'une seule idée et que la réalité est complexe. Le fondateur ajoute qu'il convient de combattre à la fois la cause et la conséquence des migrations.
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6. Rencontre avec Son Excellence Philippe Zeller, Ambassadeur de France près le Saint-Siège
La splendide et massive villa Bonaparte à Rome est occupée par le 110ème ambassadeur de la plus vieille représentation diplomatique française, datant de François Ier. On y croise le Père Michel Caucaud, conseiller ecclésiastique détaché par le diocèse de Lyon, au service de la France pour conseiller le quai d’Orsay sur les questions théologiques en rapport avec l’Église catholique. Nous avons pu échanger avec Monsieur l'ambassadeur sur la nature des relations entre la France et le Vatican, en particulier des rencontres sur la question de l'arme atomique et sur la non-prolifération de bombes nuclaires.
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Couverture : L'Osservatore Romano
Photos : Guillaume Jesberger