Alexandra Louis

Discours des voeux d'Alexandra Louis pour 2020

Vie locale

Discours des voeux d'Alexandra Louis pour 2020

10 Janvier 2020

Madame la Députée, Alexandra Louis, a présenté ses vœux pour cette nouvelle année 2020 le jeudi 9 janvier au sein de sa permanence parlementaire.

Retrouvez ci-dessous son discours pour l’occasion, retraçant l’année passée et ouvrant sur les perspectives de 2020.

 

"Mesdames, Messieurs, Chers amis

 

Nous voilà en 2020 après une année 2019 intense et riche. Nous en sommes à L’IPhone 11, le premier alunissage sur la face caché de la lune a eu lieu, un nouveau traitement contre la mucoviscidose a été découvert, Twitter et Facebook font partie, plus que jamais, de notre quotidien.

 

Ce mois de janvier est, traditionnellement, l’occasion de scanner rapidement l’année écoulée, assumer le présent pour s’y ancrer et bâtir l’avenir de manière responsable.

 

On me demande souvent si je suis heureuse d’être députée, ou tout au moins contente. Ne croyez pas qu’il soit si aisé de répondre spontanément à cette question.

 

Si je réponds que je le suis, certains m’objecteront, peut-être à juste titre, qu’il n’est pas décent de manifester de la satisfaction alors que notre pays est secoué par des mouvements sociaux et que nombre de nos concitoyens vivent dans des conditions encore difficiles. Cependant, si je réponds à l’inverse que je ne le suis pas, d’autres me reprocheront mon ingratitude car lorsqu’on est élu du peuple il est malvenu de se plaindre. Il est vrai que représenter ses concitoyens est un honneur. La réalité est évidemment plus nuancée.

 

Pour vous le dire simplement, ma vie de députée, a été ponctuée de moments difficiles, de moments de doute, parfois de colère mais également de petites victoires et je ne crois pas devoir rougir en le disant, ce d’autant moins que j’ai eu l’occasion de partager nombreux de ces instants avec beaucoup d’entre vous.

S’il faut parler de moments difficiles, je pense évidemment à nos soldats morts en héros pour notre pays au Mali, aux secouristes de la sécurité civile tragiquement décédés dans un accident, à l’attentat de la préfecture de police de Paris, plus généralement à toutes celles et ceux tués au nom d’idéologies mortifères telles que l’Islam radical, à la catastrophe écologique que doit affronter l’Australie. Je pense à ma consœur avocate Nasrin Sotoudeh condamnée en Iran à la prison et au fouet pour avoir voulu faire progresser les droits humains et particulièrement les droits des femmes. Ces enfants, ces femmes et ces hommes, nous ne les oublions pas.

Il y a eu d’autres moments difficiles, sans doute plus intimes, quelques instants de doute et de découragement. Lorsqu’on devient élu de la Nation, on se rend très vite compte que la loi ne peut pas tout et que résolument l’action politique n’est possible que lorsque les bonnes volontés convergent.

Mon combat contre le logement indigne depuis 2017 en est, je crois, un exemple assez édifiant. J’ai abordé ce sujet avec une vision très globale en étudiant de nombreuses situations individuelles, afin d’analyser les forces et les failles d’un système.

J’ai découvert un système opaque et inefficace incapable de garantir l’application du droit, au préjudice de nombreux marseillais et je n’injurie personne en le disant. Mon but est de tenir un discours de vérité. Il ne m’appartient pas de désigner des responsables, les marseillais en tireront les conséquences s’ils le souhaitent. Les élections sont faites pour ça. Toutefois, comme d’autres, j’ai proposé des solutions car il y en a. Les outils juridiques et financiers existent. Faut-il encore une volonté locale de les utiliser.

L’État s’est engagé aux côtés des Marseillaises et des Marseillais notamment avec le plan initiative copropriété qui permet de financer et de piloter des projets de résorption de copropriétés dégradées comme Corot, avec l’accompagnement des délogés, avec le financement jusqu’à 100 % des travaux de sécurisation des immeubles en péril.   

S’il faut parler des instants de colère J’ai été en colère de voir certains casser, bruler, piller et pire encore, avec le seul dessein de semer le chaos. Ces voyous ont pris prétexte des manifestations des gilets jaunes pour tenter d’ébranler notre socle républicain, et nos institutions. Heureusement en vain.

 

Je remercie les policiers et gendarmes qui ont été confrontés à ce déferlement de violence et à et aux magistrats et greffiers qui ont été mobilisés. Ils sont les remparts dans un État de droit car sans ordre il est impossible de faire respecter les droits et libertés fondamentales de chacun d’entre nous.

J’ai été en colère également lorsque j’en ai entendu d’autres clamer que nous ne sommes pas dans un état de droit ni dans une démocratie, ici, en France.

Certains ont besoin de s’inventer un combat pour donner du sens à leurs vies et ils tentent de transformer un débat républicain en révolution parce qu’ils sont incapables de convaincre.

Il n’y a que dans un État de droit qu’on peut tranquillement crier dans la rue ou sur les plateaux télé que l’on vit dans une dictature. Ils ne savent manifestement pas ce qu’est un régime autoritaire. Qu’ils ouvrent un livre d’histoire ou qu’ils aillent dans certains pays afin de prendre la mesure de ce qu’est une dictature. Les mots ont un sens. 

Je fais partie d’une génération qui est née en France dans le confort des libertés qui n’a jamais eu à lutter pour cela car d’autres l’avaient fait avant. Ma génération ne doit pas oublier le prix de ses libertés et les responsabilités qu’elles impliquent pour chacun d’entre nous.

 

Malgré quelques tristesses et colères, je peux cependant vous dire que nous avons de nombreuses raisons d’être optimistes :

- Le taux de chômage a enfin baissé et ce d’une façon inédite dans notre pays.

- Le pouvoir d’achat, lui, a augmenté avec notamment la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des foyers,

- l’impôt sur le revenu a diminué pour les classes moyennes,

- les primes défiscalisées ont été maintenues,

- le minimum vieillesse a été augmenté,

- les pensions de base des retraités les plus modestes ont été revalorisées,

- le SMIC a augmenté

Au-delà de la lutte contre le chômage nous avons souhaité lutter contre le travail précaire. C’est pourquoi pour inciter les entreprises à proposer des CDI ou des CDD longs un système de bonus-malus est mis en place pour les entreprises de plus de 11 salariés.

En matière d’éducation, nous avons continué à dédoubler les classes de CP et CE1 dans les zones d’éducation prioritaires. L’école a été rendue obligatoire à partir de 3 ans.  Ces mesures sont sans doute celles dont je suis la plus fière. 

En effet, la cause des enfants et leur avenir, en France et partout dans le monde, me tient particulièrement à cœur. En tant que co-Présidente du GE droits de l’enfant à l’Assemblée nationale, je n’ai de cesse de travailler, au quotidien, sur la préservation des acquis en matière de droits de l’enfant, et sur l’amélioration de leur statut et de leurs droits.

Nous avons également voté une loi de programmation pour la justice afin de faire entrer notre justice enfin dans le 21e siècle en mettant le justiciable au cœur du dispositif, rendu ainsi plus lisible et plus efficace.   

Enfin, dernière petite victoire en date, le décret qui pénalise les acheteurs de cigarettes à la sauvette. Décret sur lequel j’ai travaillé avec Élise Fajgeles et qui vise à combattre toute la chaîne de ces produits dangereux. 

Et, surtout, nous avons vécu ici dans cette pièce de beaux moments de débats avant pendant et après le « Grand débat ». Alors que parfois les discussions s’envenimaient sur les réseaux sociaux, parfois même dérapaient, se sont instaurés ici des débats riches et respectueux.

Ces moments d’échanges sont des temps démocratiques précieux. Il est indispensable de mettre le citoyen au cœur de la démocratie en repensant la façon de faire de la politique. 

 

C’est dans cet esprit que j’aborde, avec nombre de mes collègues, les défis à venir.

Nous vivons dans un monde tourmenté, incertain, au sein duquel les monstres du siècle dernier pourraient à tout instant ressurgir.  Jamais dans l’histoire, l’enjeu écologique, l’enjeu démocratique n’a été aussi urgent. Nous avons donc une double mission :

-       Préserver ce que nous avons : notre planète, notre socle républicain, nos acquis ;

-       Faire progresser notre pays en libérant les énergies, en protégeant les plus fragiles,

 

Nous avons assez de certitudes pour avancer et assez de doutes pour ne pas le faire les yeux fermés. Et nous continuons, pas à pas, à œuvrer pour construire une société plus solide, plus égalitaire, et plus redistributive, avec :

  • Bien entendu, la réforme des Retraites. Une réforme, comme vous le savez difficile mais nécessaire. Le système à points doit abattre les inégalités entre les retraités et être plus juste notamment pour les femmes. 
  • La Convention citoyenne sur le climat
  • La Réforme de la justice des mineurs
  • La lutte contre les violences conjugales : notamment avec le Grenelle des violences conjugales, auquel j’ai participé au sein d’un groupe de travail à l’Assemblée nationale, avec, à la clef, plus de 130 propositions présentées au gouvernement.
  • Le projet de loi anti gaspillage : le PJL contient énormément d’avancées majeures pour le quotidien des français : information des consommateurs, indices de durabilité, de réparabilité, lutte contre l’obsolescence programmée, le sur-emballage, le gaspillage alimentaire, les dépôts sauvages, création de nouvelles filières REP (responsabilité des producteurs sur les jouets, les articles de sport, les mégots, les articles de bricolage,...), introduction du principe de la vente des médicaments à usage unique, recyclage et réemploi, meilleure gestion de nos déchets,...
  • La loi de lutte contre les contenus haineux sur internet, qui revient en deuxième lecture à l’Assemblée très prochainement.

Au-delà de ces avancées, de ces colères parfois, de ces victoires souvent, je ne souhaite pas, aujourd’hui et en ces circonstances, dérouler un catalogue complet des progrès accomplis et des combats menés ou à venir, car, justement, je suis députée mais je ne suis pas une politicienne et je ne me suis jamais comportée comme telle.

Je réfute cette étiquette. Je ne considère pas mon mandat comme une fin en soi, ni comme une carrière mais bien plus comme un moyen de porter certaines de mes convictions.

 

En politique, il ne devrait pas s’agir d’être sur l’estrade pour être sur l’estrade, mais d’être à la hauteur de l’honneur et de la chance que nos concitoyens nous donnent pour exprimer et témoigner des valeurs sur lesquelles nous avons été élus.  

En 2017, nous sommes nombreux à avoir été élus alors que nous n’avions pas fait de politique auparavant. Nous sommes la génération de députés de la société civile. Jusque-là, la plupart des députés étaient des politiciens de carrière, souvent très éloignés de la réalité quotidienne de nos concitoyens, ce qui n’était pas toujours un gage de compétence.

Mais les temps ont changé, et nous souhaitons tous un nouveau souffle démocratique. Je crois que c’est vital et qu’il faut inscrire cet élan et cet effort dans la durée car nous ne devons pas accepter le risque d’un essoufflement démocratique. Cet essoufflement ne profiterait qu’aux idéologies d’extrêmes dont l’Histoire nous a enseigné les conséquences. 

Alors il est vrai que je n’ai pas abordé mon mandat comme certains politiciens et je sais que cela a parfois surpris. J’ai envisagé tous les sujets, dossiers qui m’ont été soumis comme celle que j’étais : une avocate et une citoyenne.  J’ai sans doute parfois fait des erreurs desquelles j’espère avoir tiré des enseignements mais je n’ai jamais trahi mes engagements.

Je n’entends pas passer mon temps à me préoccuper de savoir si ce que je vais dire ou faire peut me couter une élection. Je ne veux pas concéder la moindre de mes convictions. J’exècre trop certains travers de la vie politique pour m’y risquer et je crois que l’on peut restaurer la confiance dans la vie politique.

Pour tout vous dire rien de m’a jamais destiné à faire de la politique et c’est certainement cela qui fait que je ne me menotte pas à mon siège avec la paranoïa de celui qui, sans ce statut, n’existe plus.

Je ne suis pas une héritière. Mon grand-père né à Ajaccio, est arrivé à Marseille en 1937 à l’âge de 6 ans pour des raisons économiques. Il a toujours vécu avec des revenus modestes mais n’a jamais rien demandé à personne. Il a appris à ses enfants et petits-enfants que rien n’est plus important que la parole donnée. Il a toujours refusé les compromissions.

Mes parents n’ont eu en héritage que leur éducation. Ils ont construit leur vie grâce à leur seul travail et à leur volonté. Mon père est devenu marin pompier parce qu’il a réussi un concours et ma mère de la même manière est devenue auxiliaire de puériculture.

Ma sœur et moi sommes la première génération à avoir obtenu le bac. Je travaille depuis mes 17 ans, animatrice de centre aéré, hôtesse d’accueil, vendeuse, demandeur d’emploi et enfin ce qui me définit certainement le plus : avocate.  

Alors, n’étant ni une politicienne ni une héritière, j’aborde chaque question, chaque dossier, non pas avec une calculette de la marque « Gagner les élections Père et Fils », mais avec, pour seul objectif, l’intérêt commun.

Alors oui, je sais que je n’ai pas toujours dit à mes interlocuteurs ce qu’ils avaient envie d’entendre. Je crois que lorsqu’on veut changer le système, il faut commencer par être exigeant envers soi-même.

Je crois également que la vie politique en France changera lorsque les femmes y auront pleinement leur place. Mais si la parité est une exigence légale, elle ne trouve pas toujours une traduction dans les faits. Trop d’obstacles s’érigent sur la route de celles qui sont élues ou de celles qui pourraient s’engager. Le premier obstacle est l’autocensure. Trop de femmes s’interrogent sur leur légitimité.

Et pour que cette légitimité soit effective, et que les femmes soient à même de prendre pleinement en main leur destin, toujours et partout, le combat est loin d’être terminé.

Pour cette raison, il est primordial de rester vigilant sur le premier degré des violences et des discriminations envers les femmes, et, dans ce but, mon engagement s’est incarné, non seulement dans la loi sur les violences sexuelles et sexistes, mais également dans des avancées législatives récentes et à venir, notamment : 

- la loi du 28 décembre 2019 visant à agir contre les violences au sein de la famille, laquelle a notamment amélioré la procédure et les délais de délivrance des ordonnances de protection, et généralisé le bracelet électronique en cas de violences conjugales,

- ainsi qu’une proposition de loi, issue du Grenelle, visant à protéger les victimes de violences conjugales, qui sera examinée en séance à l’Assemblée dans 2 semaines, qui viendra compléter et améliorer les outils de prévention et de répression des violences conjugales.

 

Enfin je tiens à vous dire ma fierté d’être élue sur ce secteur et de vous connaitre. J’ai conscience des difficultés de ce territoire, de ses colères, de ses déceptions de ses craintes mais j’en connais également les forces et les talents.  Associations, entreprises, policiers, citoyens engagés vous êtes ceux qui font cette ville et qui la rendent si attachante. Je vous remercie pour votre collaboration et votre engagement à mes côtés. Combien d’heures passées avec vous sur le terrain ! Combien d’échanges et de réflexion avec les habitants, les centres sociaux, la police, pour comprendre, proposer, essayer, soutenir les solutions pour un meilleur quotidien ! Combien d’alertes ai-je reçu de votre part sur tel ou tel quartier, telle ou telle situation. Cette maille que nous avons naturellement tissée nous permet d’être au plus près des réalités de ce secteur, de le comprendre, mieux de le sentir.

Grâce à vous nous avons bâti une relation de confiance avec tous les acteurs du 13/14. Ce souci des habitants du secteur ne se décrète pas à l’occasion d’une élection mais se travaille sans relâche depuis plus de deux ans aujourd’hui.

 

Je vous souhaite une belle année 2020 ainsi qu’à tous ceux qui vous sont proches."

 

Alexandra Louis, Députée des Bouches-du-Rhône

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